dimanche 30 septembre 2007

Les fruits et légumes et les aliments frais de moins en moins consommés en France


Voici un article trouvé sur le site MODEF PACA (Mouvement de Défense des Exploitants Agricoles Familiaux)
http://modef-paca.over-blog.com/

Un sondage rendu public le 25 septembre par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) indique que les consommateurs français achètent de moins en moins de fruits et légumes frais.
Cette enquête réalisée auprès de 1013 personnes de plus de 18 ans entre fin mai et début juillet dernier montre que 25,6 des français déclarent ne pas acheter de fruits frais et que 22,4% ont le même réflexe pour les légumes.
La raison première invoquée par les personnes concernées par cette désaffection est le prix devenu prohibitif de ces produits.
Mais au delà du quart des français qui déclarent ne plus consommer du tout de fruits et légumes frais, une majorité en restreignent aussi leurs achats. L’enquête montre que pour 71% des consommateurs les prix des fruits et légumes ont sensiblement augmenté depuis 1 an. 72,7% d’entre eux affirment regarder systématiquement les prix des fruits et légumes quand ils font leurs courses, alors qu’ils n’étaient que 68,5% en 2005.
Ce phénomène plus qu’inquiétant ne s’arrête d’ailleurs pas aux fruits et légumes et concerne également d’autres produits frais. Le sondage réalisé au début de l’été indique que près d’un tiers des français (27,3%) n’achètent pas de poisson et coquillages, invoquant également les prix devenus trop élevés pour expliquer ce choix.
Les français sont pourtant nombreux à reconnaître les qualités des fruits et légumes et des poissons pour leur santé. Près de 50% d’entre eux pensent qu’il est important d’en manger « souvent » et les apprécient.
Ce sondage extrêmement inquiétant montre que les campagnes menées depuis plusieurs années par les pouvoirs publics pour inciter les français à consommer plus de fruits et légumes (« fraich’attitude » ou encore « 5 fruits et légumes par jour ») sont en échec, comme n’a d’ailleurs pas cessé d’alerter le Modef, compte tenu de la hausse des prix constatée sur les produits frais et de la stagnation du pouvoir d’achat (voir ici)
Un phénomène profond et durable
Une étude du Credoc réalisée entre 1999 et 2003 montre que la baisse de la consommation en fruits et légumes frais n’est pas conjoncturelle.
Durant cette période de seulement 5 ans les achats moyens de fruits frais des français ont baissé de 15,7% en volume, ceux de légumes de 15,4%. Une évolution rapide aux conséquences incalculables que ce soit en terme d’équilibre alimentaire pour les consommateurs, mais aussi de débouchés pour les paysans.
Selon l’étude du Credoc cette désaffection a également touché les achats de viande (-13.3%), de poissons (-11,4%) et de volaille (-35,1%)
Les crises sanitaires qui ont affecté au début des années 2000 le secteur des viandes et celui de la volaille (vache folle, poulet à la dioxine,…) ont certes eu une répercussion sur les achats des français, mais pas seulement en terme psychologique. Ces crises ont également été caractérisées par de très fortes hausses des prix à la consommation, souvent non justifiées dans la mesure où les prix payés au paysan n’ont pour leur part évolué à la hausse que marginalement, et même fortement baissé depuis.
La baisse du pouvoir d’achat au cœur de la situation
Le Credoc évoque un changement de comportement alimentaire des nouvelles générations pour expliquer la désaffection croissante des français à l’égard des produits frais (nouveaux rythmes de vie, temps consacré à la préparation des repas moins important, montée des produits alimentaires prêts à l’emploi,….) ainsi qu’une évolution des modes de consommation (nouvelles priorités vers l’équipement en nouvelles technologies, part du budget consacré aux loisirs plus importante,…)
Mais cette étude montre que ces facteurs sont bel et bien influencés de manière déterminante par la stagnation du pouvoir d’achat, les arbitrages de consommation des ménages étant directement liés à leurs revenus. Le Credoc indique ainsi que le pouvoir d’achat moyen réel des français s’effrite depuis plusieurs années, contrairement aux estimations de l’Insee. Selon l’observatoire des conditions de vie, le pouvoir d’achat n’a augmenté que de 0,7% en 2005 (contre 1,7% annoncés par l’Insee) et de 1,4% en 2006 (contre 2,3%), soit une hausse située en deçà des taux d’inflation signifiant bien une perte. Comment ne pas voir dans ce contexte que les besoins réels étant en augmentation, des arbitrages sont inévitables de la part des ménages ?
Il est à souligner qu’au-delà des moyennes nationales, une part de plus en plus grande de la population française s’appauvrit depuis plusieurs années. Les organismes caritatifs annoncent le chiffre de 7 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en France, y compris une part croissante de retraités et de salariés.
La grande distribution et les grands groupes agro alimentaires ont une responsabilité
Il est aujourd’hui de bon ton de mettre en avant les arbitrages des français en faveur du téléphone portable et de l’ordinateur ou encore des vacances pour expliquer la baisse de la consommation de produits alimentaires frais et de culpabiliser l’immense majorité des consommateurs qui seraient ainsi responsables de la dégradation de leurs conditions de vie. Mais comment faire face ne serait qu’aux simples besoins vitaux en alimentation quand le loyer, le gaz, le carburant, l’électricité, l’eau et les tarifs des services publics,… flambent et que les revenus ne suivent pas ou diminuent ?
Cela est d’autant plus vrai pour les produits alimentaires frais que ceux ci connaissent eux aussi une réelle flambée des prix depuis le début des années 2000, flambée confirmée par les relevés effectués régulièrement dans les magasins des grandes surfaces par les militants du Modef.
Comment ne pas s’interroger sur le fait que depuis le début des années 2000 les paysans français ont connu dans toutes les filières une baisse généralisée des prix à la production et une crise de revenu dramatique ? Qui sait que les prix à la production des produits agricoles de grande consommation sont aujourd’hui la plupart du temps au même niveau qu’il y a une trentaine d’années, alors que les coûts de production et le coût de la vie augmentent ? Les gains de productivité ont certes été considérables, mais ils dépassent aujourd’hui toute limite pour déboucher sur le productivisme le plus aveugle, sur une dégradation sans précédent des conditions de travail dans l’agriculture, sur des dégâts durables à l’environnement et sur des délocalisations massives vers les pays à bas coûts de main d’œuvre, qui plus est loin de disposer de nos normes qualité ou environnementales. Les importations massives de produits à bas prix font elles pour autant baisser les prix à la consommation des produits alimentaires ?
Les petits et moyens paysans qui constituent encore l’immense majorité de l’agriculture française sont désormais bel et bien victimes au même titre que les consommateurs de la situation.
La grande distribution qui truste 80% des ventes de produits alimentaires frais en France, mais aussi les grands groupes de l’industrie agro alimentaire qui développent les produits transformés généralement à partir de matière première importée à bas prix et modèlent les comportements de consommation à grands budgets de publicité en fonction de leurs besoins immédiats, ne sont jamais évoqués dans les enquêtes. Ne sont ils pas pour autant au cœur du sujet ?

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